En 1915, alors qu'il est encore à l'hôpital, Gus Bofa commence à dessiner pour "La Baïonnette". Créé par Henriot et dirigé par Charles Malexis, cet hebdomadaire illustré, propriété de l'Edition Française Illustrée, se veut, en dépit d'un titre martial, "toujours familiale et de bon ton". Au sommaire figurent les noms d'écrivains de talent tels Pawlowski, Léo Larguier, Curnonsky, Pierre Mac Orlan, et même Guillaume Apollinaire, et ceux des plus grands dessinateurs de l'époque, Steinlen, Sem, Poulbot, Fabiano, Pierre Falké, Paul Iribe, Willette, Marcel Capy, Gerda Wegener, Chas Laborde, Georges Lepape et bien d'autres. Si la satire y est, en général, moins violente et dégradante qu'ailleurs, "La Baïonnette" évite rarement le banal, le médiocre et le vulgaire. Les dessins de Gus Bofa tranchent nettement sur le ton d'ensemble. Loin de participer au concert des "bourreurs de crâne", Bofa traduit le cafard, cette tristesse muette qui empoisonne l'âme de l'homme en guerre, en une image si juste et sentimentale que, selon Mac Orlan, "tous les soldats aimèrent cette image du cafard, malgré la technique de l'artiste qu'ils ne pouvaient comprendre".

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