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"Falké pourrait être opposé à Bofa. L'un tourmenté, féroce, enlevant le morceau d'un coup de croc, l'autre bonhomme, réjoui, épanui dans une sorte de malice paysanne. Mais quel sens aigu de la fantaisie décorative dans sa "Noce au village", dans son fabuleux "Serpent de mer" déroulant ses anneaux et croquant un transatlantique, et quel comique sain dans sa "Châtelaine" minuscule, arpentant comme une vieille sorcière réduite à l'impuissance, son parc immense et luxuriant." (Jean Galtier-Boissière, Le Crapouillot, mai 1926.

Falké n'est pas né en Normandie mais à Paris. Il suit son père, fonctionnaire, en Nouvelle-Calédonie. Après de nombreux voyages, jusqu'en Australie et en Inde, il rentre en France et s'établit comme dessinateur. Durant la Grande Guerre, il est affecté au camouflage et rencontre, au dérour d'un champ de bataille, Pierre Mac Orlan : "Quand Pierre Falké, sapeur du génie, haussait les épaules devant les spectacles déchirants et stupides que nous offrait chaque jour la Dernière Guerre, j'aimais à l'écouter parce que j'étais de son avis." Ses dessins de guerre mettent en avant la misère et le souffrance des soldats.

Rendu à la vue civile, il illustre l'Almanach des saisons, édité en 1920 par "Le Pou qui grimpe" de Joseph Quesnel, à Coutances, puis de nombreux livres prenant pour décor des pays exotiques, notamment Robinson Crusoe de Daniel Defoe, Le Pot-au-noir de Louis Chadourne et Clairière de Maurice Constantin-Weyer. "Ce solide chasseur, écrit Mac Orlan, avec des doigts délicats a su trouver autour de la jeune Virginie, l'écharpe rose et bleue d'un ciel des tropiques. Et ces images qui font de Paul et Virginie quelque chose d'aussi pur qu'une chanson chantée par Vaugh de Leath sont parmi les plus belles de la librairie française." On lui doit aussi une très belle version du Dingo d'Octave Mirbeau.

Son ami Mac Orlan écrit que chez lui "la connaissance de l'homme, malicieuse et tendre, est celle d'un camarade qui se penche toujours avec sympathie sur les vies les plus discrètes."

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